Apprendre à vivre avec ces nouveaux mots et avec ces nouvelles souffrances pour réussir à construire la suite du monde… Charline SCHMERBER – Praticienne en psychothérapie
Cette intervention du 27 janvier 2019 a été organisée par le Centre d’études sur le Care de Montpellier. Angela Biancofiore et Clément Barniaudy, qui sont en charge de cette structure, proposent régulièrement des événements, séminaires ouverts à tous et accessibles en ligne. La programmation est à retrouver sur le site du Care.
C’est dans ce cadre particulier que j’ai pu proposer un format conférence et atelier qui s’est déroulé à la faculté Paul Valéry de Montpellier. L’intégralité de l’intervention est disponible ci-dessous en vidéo. Elle se compose d’une première partie d’une heure d’exposé, suivie de 45 minutes de questions et échanges avec la salle puis d’une heure d’atelier pratique.
Voici quelques extraits des thèmes abordés au cours de l’exposé : éco-anxiété et solastalgie : définitions et différentiations,restitution d’une enquête menée auprès de 1 266 personnes fin 2019 sur l’éco-anxiété (caractérisation, causes, symptômes, impacts sur l’action, stratégies pour lutter contre l’éco-anxiété), types de profil de personnes « éco-anxieuses », proposition d’analyse de notre société actuelle borderline ou « état-limite » coincée dans l’adolescence et dans une représentation matricielle de la Terre… Comment agir pour retrouver sentimentd’utilité et mettre en sourdine le sentimentd’impuissance ?
La résilience : capacité d’un individu à dépasser un traumatisme
Dans cette 7ème vidéo de ce programme autour de la solastalgie je vous partage quelques réflexions sur le thème de la résilience émotionnelle. Comment la définir ? Comment la cultiver ? Quel sens cela prend-il, de travailler autour de cette notion de résilience émotionnelle dans le contexte actuel et futur ?
La notion de résilience, si on la regarde sous un angle psychologique, renvoie à la capacité de l’individu à dépasser un traumatisme. C’est l’adaptation et la résistance du corps au choc auquel il est soumis. C’est à Boris Cyrulnik, que l’on doit d’avoir beaucoup écrit autour de cette question de la résilience. Dans son ouvrage Un merveilleux malheur, il revient sur l‘importance du message d’espoir qui est intrinsèquement lié pour lui à la résilience. Rien n’est inscrit de manière permanente quand il est question du malheur, l’être porte en lui cette capacité de traverser, de transformer et de faire de ce qui l’a atteint dans sa chair et dans son âme, une force vivante.
Le terme de résilience est devenu très courant dans les milieux concernés par les problématiques environnementales, notamment dans la bouche des « transitionneurs », militants, adeptes de la collapsologie… Dans ce contexte spécifique la résilience est vue sous un angle plus large, elle renvoie à la capacité de créer des lieux autonomes qui sauront fonctionner pour répondre aux besoins primaires (eau, alimentation, énergie, lien social…)
Cultiver la résilience émotionnelle pour pouvoir se préparer à affronter des temps difficiles
Il est essentiel de pouvoir travailler individuellement et collectivement à la création de cette résilience intérieure. Cela a trait à la préparation corporelle et mentale de ce que nous allons traverser : deuils, pertes, ajustements de nos vies à un cadre moins providentiel.Carolyn Baker, écopsychologue américaine insiste sur l’importance de cette mise en conscience. Dans son ouvrage Effondrement, elle invite ses lecteurs à apprendre à « naviguer dans la désintégration du monde tel que nous l’avons connu ».
Travailler cette notion de résilience renvoie donc au fait de construire par petites touches une solidité intérieure qui sera capable de résister aux événements potentiellement difficiles qui surviendront.
Quelques pistes d’actions pour développer sa résilience émotionnelle
Vous accorder du temps pour méditer et pour écrire, si cela vous est possible quotidiennement afin de créer une routine contenante pour vous-même et des temps de calme et d’introspection
Mettre plus de nature dans votre quotidien : allez vous balader dans des parcs si vous habitez en ville, autorisez vous à faire des marches contemplatives à la campagne pour écouter les bruits de la nature, en sentir les odeurs
Bonne pratique à vous et vous souhaitez partager votre expérience, vos retours concernant la résilience et la solastalgie sont les bienvenus en commentaire !
Cultiver le courage passe par l’accueil de nos peurs
Dans cette 6ème vidéo je vous parle d’une thématique qui va devenir de plus en plus essentielle dans les années à venir, celle du courage.
Le courage c’est la capacité d’entreprendre des choses difficiles grâce à l’accueil et au dépassement de ses peurs, de ses souffrances et du danger que l’on pressent pour soi.
Bien loin de ne se résumer qu’à des actions héroïques, le courage est quelque chose qui peut se vivre, s’expérimenter au quotidien. Une dimensionindividuelle y est liée. En effet, les peurs, les souffrances sont des ressentis propres à chacun, nous n’appréhendons pas le monde avec le même regard, ni avec les mêmes sensations. Ce qui nécessitera du courage pour certains n’en nécessitera peut être pas pour d’autres.
Néanmoins nous pouvons convenir que regarder la situation actuelle et les processus d’effondrement en cours impliquent de faire preuve de courage et cela probablement chez nous tous. Il faut un regard sacrément courageux pour faire face à la réalité de la situation du monde, pour ne pas tourner le regard ou ne pas mettre en place des mécanismes de défense.
Lâcher une souffrance familière pour aller à la rencontre de l’inconnu est un acte de courage
Il faut beaucoup de courage et de conviction pour celui qui entreprend de regarder le centre de sa souffrance et pour rester présent. C’est néanmoins en plongeant au plus profond dans nos ombres, dans ce qui fait souffrance, c’est en allant au fond du fond de ces émotions que l’on qualifie à tort comme « négatives », qu’il sera possible de faire l’expérience d’une énergie puissante et qu’un cercle vertueux pourra s’en retrouver créé.
Aller regarder ses parts d’ombres peut nécessiter un accompagnement, afin de ne pas rester seul avec ce que l’on peut vivre de difficile et de douloureux. C’est l’un des rôles du thérapeute que d’être présent, pour soutenir, là où il peut être compliqué d‘aller regarder ou de transformer seul(e). Faire l’expérience, dans un cadre sécurisant, d’accueillir, de traverser ses peurs et de se confronter à ses souffrances – et donc faire preuve de courage – permettra de l’expérimenter ensuite dans le réel de son quotidien.
4 actions pour (ré)apprendre à accueillir ses émotions
Dans cette seconde vidéo : « Accueillir ses émotions : une étape clé pour pouvoir agir », je vous propose 4 actions concrètes pour retrouver le chemin de votre corps et de vos émotions. Il n’est pas nécessaire que ces 4 actions se suivent ou se fassent dans l’ordre. Je vous invite à sentir quel est le point d’entrée qui est le plus juste pour vous. Vous pourrez ensuite explorer les 3 autres actions.
Mettre un nom, une étiquette sur l’émotion que vous ressentez
Mettre des mots, qualifier la sensation liée à cette émotion
Localiser dans le corps où l’émotion se situe
Associer une couleur, une image, une forme à cette émotion
De l’importance de revenir au corps, siège des émotions, sensations, ressentis
Nous vivons dans une société qui a tellement mis l’accent sur le mental qu’elle s’en est déconnectée du corps. Or l’être humain est avant tout un corps et c’est ce corps qui est en capacité de penser.
Dans le contexte actuel d’effondrement du vivant et de catastrophe écologique, notre tête a bien dû mal à se rallier au corps pour se mettre en action. Les mécanismes de défense psychologique sont nombreux (déni, dissonance cognitive pour n’en citer que deux). Il est donc primordial de retrouver le chemin du corps pour lui permettre d’intégrer l’ampleur de la catastrophe (actuelle et à venir) ainsi que de retrouver sa capacité de mouvement.
Une étymologie porteuse de mouvement
Le terme « émotion » provient du latin « ex movere ». « Ex » signifie au dehors, «« movere » renvoie au mouvement, à l’action de se déplacer, changer de position, d’aller d’un endroit à un autre. Dans l’étymologie de l’émotion est donc déjà contenue cette notion de mise en mouvement.
Les émotions sont des manifestations physiologiques spontanées qui transmettent à l’organisme un message : celui d’une menace d’un changement réel ou imaginaire.L’émotion passe par le corps et génère ainsi une mise en mouvement.
(Ré)apprendre, développer son intuition, son attention, sa conscience de soi
Nous allons devoir affronter des temps difficiles. Si nous ne connaissons pas aujourd’hui le déroulement futur des faits, ni leur impact, il devient néanmoins de plus en plus difficile de nier ou de faire abstraction de cette réalité. C’est effrayant, ce n’est pas tangible, c’est colossale et imprévisible. C’est une donnée qui n’est pas en notre pouvoir de maitriser.
C’est ce qui rend par conséquent si essentielle cette proposition de se reconnecter à soi. Travailler sur l’accueil de ses émotions est une manière de développer son attention, son intuition. Cet apprentissage là est dans les mains de chacun(e).
C’est à travers la pratique de l’accueil, de la compréhension de nos émotions que nous allons pouvoir développer une meilleure connaissance de nous-même et pouvoir faire face avec plus de lucidité, avec plus de courage et de force aux traumatismes à venir.
Pour aller plus loin :
Découvrir la méditation et les programmes de l’application Petit Bambou
Lire Biologie des émotions de Catherine Belzung et découvrir ses publications sur France Culture
Découvrir le site de Christophe André et ses différents ouvrages autour de la pratique de la méditation
Un patchwork de vidéos pour retrouver de la joie tout en restant lucide
Aborder la thématique de la solastalgie avec un angle psychologique et donner des clés d’actions concrètes c’est l’objectifde ce programme vidéos. Des propositions de lectures, de méditations, d’ateliers pratiques viendront enrichir et compléter les petits spots vidéos.
Découvrez la première vidéo : « Souffrez-vous de solastalgie ? »
Le temps n’est plus au scepticisme !
Le 28 Juin dernier, le département du Gard a atteint des températures record pour un tout début d’été. Le thermomètre est allé toucher les 44 °C. Il n’est donc aujourd’hui plus question de douter de l’impact de l’action humaine sur la planète. Notre mode de vie – systèmes de transport, aménagements du territoire au détriment des espaces verts, système agro-alimentaire… – affecte clairement la bonne santé de la planète et par conséquent celle de toutes les espèces vivantes (humaines et non humaines).
La tête, siège de la rationalité et du concept, ne peut plus nier la réalité de ce que vit le corps. La chaleur caniculaire c’est la chair qui la subit. Cette prise de conscience face à cet habitat qui s’effondre, pour ceux qui étaient peut être encore sceptiques, se fera peut être à travers l’expérience du corps.
Traverser l’angoisse pour recontacter l’action
Je suis convaincue du rôle important que nous avons aujourd’hui à jouer en tant que psychothérapeutes. Il me semble primordial que nous puissions ouvrir un peu le cadre de nos pratiques habituelles pour accueillir cette nouvelle forme de détresse psychique qu’est la solastalgie. Nous allons tous nous retrouver confrontés à la perte, à de nombreux deuils à faire par rapport à un mode de vie qui n’est plus viable sur du long terme. Il est certain que nous allons traverser des moments très difficiles qui feront peut être écho à des traumas plus anciens.
Il est essentiel de pouvoir penser, nommer, ressentir, vivre et aussi panser le processus d’effondrement qui est enclenché. Savoir quoi faire, comment vivre ses émotions face à l’état du monde, permettra à chacun d’aller mieux psychiquement et de pouvoir de nouveau agir. L’angoisse qui est l’une des caractéristiques de l’éco-anxiété, immobilise le sujet, elle le fige et le maintient dans une position de repli. C’est à travers l’action qu’il sera possible de faire baisser l’angoisse.L’action est un dérivatif qui participe à la santé mentale de chacun.
Une émission en 4 épisodes axée fin et suite du monde
Perrine Servran propose ici une série d’émissions en lien avec la thématique de l’effondrement. Les intervenants abordent ici différents sujets : fin du monde, apocalypse, solastalgie, recherche d’autonomie et de résilience, pensée survivaliste et techniques de préparation à la catastrophe qui approche.
Un effondrement qui va toucher les générations présentes ?
Pour de nombreux scientifiques, collapsologues et autres spécialistes de la question environnementale il ne fait nul doute que nous allons, de notre vivant, vivre et subir les conséquences du rythme effréné de notre société thermo-industrielle.
Il devient de plus en plus irréaliste de se cacher derrière l’expression « Après moi le déluge » et de renvoyer le problème environnemental aux générations futures. Comme le dit très justement Pablo Servigne dans cette émission de Perrine Kervran : « L’effondrement, ça fait 40 ans qu’on dit que c’est pour les générations futures et maintenant, c’est nous les générations futures. » C’est cette réalité qui amène de plus en plus de personnes à ressentir de la solastalgie.
Un effondrement aux allures d’apocalypse ?
Ce cinéma hollywoodien s’est particulièrement bien saisi de cette idée très anxiogène de fin du monde, de black out pour la mettre en images. Des films commeLa Route ou encore 2012 pour n’en citer que deux sont de bons exemples de la capacité humaine à imaginer les pires scénarios catastrophes.
Plusieurs intervenants (collapsologue et chercheur, survivaliste, philosophe…) reviennent dans cette émission sur cette notion de fin du monde et la mette en lien avec la situation présente. La notion d’apocalypse prend corps ici avec la réalité de notre monde actuel. Elle sort du domaine du rêve, de l’imaginaire pour s’ancrer dans le présent.
—> Ecouter le 2ème épisode –Vivre à l’ombre de la catastrophe – de ce volet documentaire en 4 parties « La fin du monde et nous. Tous survivalistes ? »
—> Ecouter le 3ème épisode – Le credo survivaliste – de ce volet documentaire en 4 parties « La fin du monde et nous. Tous survivalistes ? »
—> Ecouter le 4ème épisode – la recherche d’autonomie – de ce volet documentaire en 4 parties « La fin du monde et nous. Tous survivalistes ? »
Ce livre de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, vous l’avez probablement déjà lu. Peut être fait-il partie des ouvrages phares que vous citez maintenant comme référence lorsque vous débattez avec votre entourage sur le sujet du désastre écologique dans lequel nous sommes engagés. Peut être quecepetit manuelvous l’avez commencé et que vous l’avez laissé traîner sur votre table de chevet en attendant un jour meilleur pour en poursuivre la lecture. Peut être enfin avez-vous fait comme Didier Super dans l’épisode de Next consacré au Déni et vous l’avez violemment (re)jeté pour mettre à distance la réalité de notre société telle qu’elle y est décrite.
Un ouvrage qui parle de collapsologie : la science qui étudie l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle
Le terme de « collapsologie » qui figure dans le sous-titre du livre – Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes – est constitué du verbe « collapse » qui signifie « s’effondrer » en anglais. Dans cet ouvrage « lucide et bienveillant » tel que le décrit Pablo Servigne, il est question de collapsologie, soit de l’étude de l’effondrement de notre civilisation que vont vivre les générations présentes et futures.
Loin d’être un livre pessimiste, cet ouvrage permet à celui qui le lit d’avoir une vision plus claire de la réalité du monde dans lequel nous vivons. Il n’est pas question de faire peur mais de poser des faits : ressources en énergies fossiles qu’il devient de plus en plus coûteux d’extraire, dérèglement climatique, croissance qui ne peut être infinie, effondrement en cours dans certains pays… L’objectif de l’ouvrage n’est pas tant de proposer des solutions – ce qui sera fait dans leur second livre Une autre fin du monde est possible – mais plutôt de décrire d’une manière très lucide des éléments factuels de notre réalité actuelle.
Pour aller plus loin :
—> Regarder la Conférence animée par Pablo Servigne : L’effondrement qui vient – Les Rencontres Déconnomiques 2015.
Petit billet d’intentions à usage de ceux qui liront ce blog
En ancienne « communicante » que je suis, j’ai eu envie de partager dans ce premier article de blog l‘intention éditoriale avec laquelle je souhaite animer cet espace de prise de parole. Vous trouverez donc ici un éclairage sur les sujets, thématiques et sur le type de contenus qui seront publiés.
De la transparence pour générer de la clairvoyance
L’objectif de ce blog est avant tout de pouvoir continuer à éveiller, en toute bienveillance, les consciences. Je vous y proposerai bien sûr des articles axés psychologie (systèmes de défense, processus de deuil, dimension émotionnelle…) mais je vous relayerai aussi des contenus en lien avec la sphère environnementale et scientifique. Il est en effet très important de pouvoir se confronter à la réalité des chiffres,aux situations d’effondrement déjà en cours dans des pays moins développés que le nôtre et à celle qui arrive chez nous.
L’intention n’est pas ici de provoquer de la peur mais plutôt de donner du corps, de rendre plus concrète une réalité qui peut paraître encore loin de nous. L’être humain est fait de telle manière qu‘il a tendance à réagir uniquement quand il est face à la catastrophe. Le danger de ce mode de fonctionnement, c’est qu’appliqué au désastre écologique en cours, il risque de nous conduire tout droit vers l’extinction de notre civilisation. Cet effondrement fait partie des évènements que Günther Anders appelle « supraliminaires« . « J’appelle « supraliminaires” les événements et les actions qui sont trop grands pour être encore conçus par l’homme ». Penser la fin de notre civilisation ce n’est pas concevable pour l’homme en prise avec son présent mais c’est néanmoins une prise de conscience essentielleaujourd’hui si nous voulons rester vivants demain.
La transparence en termes d’informations est pour moi un moyen de provoquer une rencontre avec le réel. Elle est facteur de prise de conscience de la situation actuelle. Quand l’individu devient conscient des choses, il lui est possible de sentir ce qu’il souhaite pour lui. Il récupère ainsi sa capacité à se préparer, à anticiper, à voir venir, ce qui constitue une grande force face à la peur.
Après le fond, la forme…
Chacun ayant une manière singulière de s’approprier l’information, je vous partagerai dans le blog du contenu sous différentes formes :
interviewsd’experts en format audio ou vidéo,
recommandation d’ouvrages, d’articles, de revues,
podcasts, web séries ,
documentaires,
infographies…
Si vous avez des remarques, des questions sur les contenus des articles publiés, vous pouvez m’en faire part sur la page contact.