La solastalgie : une douleur psychique due à la dégradation du système terre
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » (Jacques Chirac, Discours prononcé au IVe Sommet de la Terre, Johannesbourg, 2002).
Les personnes atteintes de solastalgie ne regardent plus ailleurs. Elles sont dans un processus de prise de conscience par rapport à l’état de la planète qui les impacte psychologiquement. Ce néologisme se compose du terme anglais « solace » qui signifie « réconfort ». Le mot « algie » se traduit par « douleur » en français. La solastalgie renvoie donc à la douleur de perdre son habitat, son refuge, son lieu de réconfort.
Les différents maux de la terre – dérèglement climatique, migration de populations, perte de la biodiversité, coût d’extraction grandissant des énergies fossiles, système interdépendant, effondrement, etc – génèrent chez les « solastalgiques » des symptômes qui affectent leur santé psychique. Pour ces personnes il n’y a pas ou plus d’illusion d’une éventuelle Planète B, pas d’évasion possible du système terre mais une clairvoyance de l’état du monde qui atteint corps et esprit.
La solastalgie : quels symptômes ?
Différentes émotions, troubles et questionnements sont rattachés à cet état de solastalgie. Certaines personnes vivront l’ensemble de ces symptômes, d’autres seront agis par une palette plus restreinte. Les questions sont données à titre d’exemple pour ici illustrer les différents symptômes.
- Le sentiment d’impuissance : « face au désastre écologique de la planète je me sens complètement dépassé(e), que puis-je faire ? » « comment agir aujourd’hui s’il n’est plus possible d’inverser la tendance de l’état de la planète ? »
- Le sentiment de perte de contrôle : « quelle est la portée de mon action individuelle face à toutes ces dégradations collectives ? »
- Le sentiment de perte de sens : « à quoi bon continuer de vivre si la terre va si mal et que tout est foutu ? »
- La peur de l’avenir : « dans quel monde vont grandir mes enfants ? » « à quelles catastrophes vais-je assister de mon vivant ? »
- La tristesse : « je ressens une peine immense face à l’état de la planète »
- Le regret : « pourquoi avons-nous laissé le monde devenir ainsi ? »
- Les troubles anxieux allant d’une anxiété chronique, à des attaques de panique, à des insomnies
- Le questionnement autour du projet d’enfant : « si nous faisons un enfant aujourd’hui dans quel monde vivra-t-il demain ? »
La solastalgie : « est ce normal ? »
Cette « éco-anxiété » ou « détresse climatique » révèle chez les individus qui la contactent un ressenti que l’on pourrait qualifier d’assez « sain ». La sonnette d’alarme a été tirée par de nombreux scientifiques, climatologues, organisations : la planète et ses habitants – humains et non humains – sont en danger. Quoi de plus « normal », par conséquent que de ressentir de l’inquiétude, de s’interroger par rapport à ces mises en garde collectivement et individuellement répétées ?
Ce questionnement est par conséquent « normal » et sain à condition d’en faire quelque chose et de ne pas s’enfermer dans une attitude anxiogène qui figera la personne et réduira ou empêchera sa mise en mouvement.
Pour aller plus loin :
— > Découvrir l’article de Glenn Albrecht, ancien professeur à l’Université de Murdoch en Australie et créateur du concept de solastalgie Solastalgia: The Distress Caused by Environmental Change
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— > Découvrir Détresse écologique et processus de deuil
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— > Découvrir ce qu’est la résilience intérieure